Le moulin à eau, recensé en Europe depuis l’antiquité, est plus ancien que celui à vent. Au moyen âge, le moulin à eau se développe suite à la disparition de l’esclavage. A partir du 9ème siècle, l’utilisation de l’énergie hydraulique est privilégiée. Une meule d’un moulin à eau peut moudre 150 kg de blé à l’heure, ce qui correspond au travail de 40 esclaves. Les rivières jouaient un rôle essentiel en alimentant les moulins. Les paysans y apportaient leurs récoltes pour qu’elles soient moulues. Les moulins appartenaient pour la plupart aux ordres religieux. Le moulin de « Siarne » est situé sur le territoire de la commune d’Ebréon à 1500 mètres environ du bourg, légèrement en retrait de la route départementale n° 737 Angoulême-Niort. On y accède à l’entré du hameau de « Siarne », jadis paroisse de « Saint-Fresne » et aujourd’hui « Saint-Fraigne ». L’origine du moulin n’est pas connue. En revanche, on peut recenser les propriétaires et les locataires successifs pendant plus de deux siècles. Ce moulin était mû par les  eaux provenant des fontaines de la « Font-des-Marais », situé sur la commune d’Ebréon.

Antérieurement à 1772, le moulin de « Siarne » appartenait aux Dames Religieuses de Tusson. Les plaintes des riverains dont les terres étaient submergées par les eaux, déterminèrent les dites Dames à abandonner leur moulin. En 1774, Monsieur Marché et Madame Labarde en firent l’acquisition et construisirent deux roues à « cassottes ». Après la révolution, François Marché et sa femme habitèrent le moulin pendant quelques années. Ils construisirent deux ponts pour faciliter l’accès . Au début du 19ème siècle, le moulin est vendu à Jean Lhérideau, marchand, demeurant au hameau de Beaunac sur la commune d’Ebréon. Le 22 août 1811, Jacques Martin devînt propriétaire du moulin et de la ferme pour la somme de 11 000 francs. Il  lègue ses biens à son fils aînés Jean, le 9 décembre 1833. Puis en 1846, son frère René y vécu avec sa femme, ses deux fils et des domestiques. A l’issue de successions compliquées le moulin revint à la famille Bayoux. En 1895, André Bayoux, ancien marchand de bois à Germeville, commune d’Oradour, vend le moulin à Pierre Hitier. Léandre  Vannier était le meunier depuis  1886 et le restera jusqu’en 1925. A cette date, le moulin et le domaine de « Siarne » sont acquis par la maison Firino-Martel de Cognac. René Caillé devint le gérant . Il conserva malgré tout, son emploi de ramassage de lait qu’il effectuait chaque matin. En 1834, le moulin est revendu à Lucien Chevalier qui fît d’importantes réparations, notamment le remplacement des meules par des plus performantes. Les gérant se succédèrent: Jean Lacaire puis Geneviève et Edouard Lagarde et enfin Roger Vannier. En 1955, Jean Vannier rachète le moulin, les dépendances et les terres à son beau-père. Dans les années 1965, les moteurs électriques font leur apparition et les moulins à eau perdent tout doucement leur clientèle. Finalement, en 1972, Jean Vannier prend sa retraite et cède le moulin, les dépendances et les terres à Monsieur Jean-Claude Guyon. Madame Monique Guyon et Monsieur Jean-Claude Guyon y habitent toujours et maintiennent le moulin en excellent état de marche.